Hyperconnexion et sport : quand le cerveau saturé freine le mouvement (Chapitre 2/6)

par | 20 Mai 2025 | Veille

🎙 Merci à Bastien Helal, kinésithérapeute MonRFS, pour cette observation de terrain qui fait écho à ce que beaucoup de praticiens ressentent aujourd’hui : « J’insisterais sur la saturation du système dopamine… C’est ce qui explique la baisse de qualité d’exploitation, même sur des exercices physiques simples. »

🧠 Le problème ne viendrait pas du corps… mais du cerveau sursollicité. Nos enfants, nos patients, nos apprenants ne bougent pas forcément moins. Mais ils bougent moins bien. Moins engagés, moins précis, moins présents.

Et si ce n’était pas une question de motivation ? Et si l’hyperconnexion avait tout simplement court-circuité notre capacité naturelle à nous engager dans l’effort ?


📱 Le piège dopaminergique de l’hyperconnexion

Notifications, scrolls, vidéos, mini-récompenses permanentes… Chaque usage numérique active notre système de récompense. À force, le cerveau s’adapte : les récepteurs dopaminergiques s’émoussent.

Résultat : il faut plus d’intensité pour obtenir le même plaisir (Volkow et al., 2011). Cette désensibilisation rend les activités nécessitant un effort différé, comme le sport, fades, trop lentes, démotivantes (Marques et al., 2021).

Des chercheurs ont montré que ce déséquilibre dopaminergique peut altérer la capacité à s’engager dans une tâche physique, même simple (Chib et al., 2023). Cette saturation explique pourquoi l’effort physique peut sembler plus ardu, même pour des exercices de base.


🧠 Moins de dopamine disponible = moins de mouvement utile

Quand le cerveau est saturé de stimuli, il peine à activer correctement les zones liées à l’attention, à la motivation et au contrôle moteur. La recherche montre que l’exercice volontaire augmente la libération de dopamine dans le striatum, un effet médié par le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), mais cet effet est perturbé par une surstimulation numérique (Bastioli et al., 2022).

👉 Même chez les enfants, on observe un lien clair entre surconsommation d’écrans, baisse des capacités attentionnelles et diminution du contrôle moteur (Horowitz-Kraus & Hutton, 2023 ; Muppalla et al., 2023).

👉 La conséquence est visible sur le terrain : gestes saccadés, engagement instable, récupération cognitive lente… On n’est plus dans l’effort maîtrisé, mais dans la dispersion motrice.


🏃 Le sport, un antidote… à libération lente

Et pourtant, c’est dans ce contexte que le sport reprend tout son sens thérapeutique.

🔄 Contrairement aux écrans, l’activité physique stimule la dopamine de manière lente, régulée et synergique (Paravlic et al., 2023). Des revues montrent que l’exercice aigu influence les voies neurochimiques, y compris la dopamine, renforçant la motivation et la cognition (Brehm et al., 2017). L’exercice restaure ainsi l’équilibre entre effort et récompense, reconnectant le cerveau au temps long, à la régulation, à l’auto-engagement.

Certaines pratiques comme le HIIT augmentent même la disponibilité des récepteurs D2 dans le striatum, améliorant ainsi motivation et qualité motrice (Li et al., 2024).

Focus sur le HIIT : Un levier dopaminergique puissant Le HIIT (High-Intensity Interval Training) alterne des périodes d’effort intense et de récupération. Cette méthode stimule efficacement le système dopaminergique, augmentant la disponibilité des récepteurs D2 dans le striatum, ce qui améliore la motivation et la précision des mouvements (Li et al., 2024). Pour les praticiens, intégrer des sessions courtes de HIIT (par exemple, 20 minutes) peut aider à contrer la saturation dopaminergique, en restaurant l’engagement moteur et l’attention, même chez les patients sursollicités par les écrans.


🎯 Repenser la pédagogie du mouvement

Chez MonRFS, on défend une idée simple : 🧠 Le sport ne doit plus être pensé comme un “défouloir”. Il est un espace de rééducation neurologique. Une clé de régulation attentionnelle. Un levier de désaturation dopaminergique.

👉 Le mouvement devient un outil clinique.

👉 Bouger, c’est guérir d’un trop-plein.

👉 Restaurer l’attention, l’envie, la présence à soi.


👂 Et vous ?

Avez-vous constaté une baisse de qualité d’engagement moteur chez vos patients, élèves ou enfants ? Comment adaptez-vous vos pratiques dans un contexte de saturation numérique ? Vos retours de terrain nous intéressent !

🖋 Élise N. – avec MonRFS, le savoir se partage

#Hyperconnexion #Dopamine #Motricité #SantéMentale #Attention #FormationSanté #Écrans #Prévention


Références :

Bastioli, G., Arnold, J. C., Mancini, M., Mar, A. C., Gamallo-Lana, B., Saadipour, K., Chao, M. V., & Rice, M. E. (2022). Voluntary exercise boosts striatal dopamine release: Evidence for the necessary and sufficient role of BDNF. The Journal of Neuroscience, 42(23), 4725–4736. https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.2273-21.2022

Brehm, B. A., Babiuch, R., & Chey, W. (2017). The effects of acute exercise on mood, cognition, neurophysiology, and neurochemical pathways: A review. Brain Plasticity, 2(2), 127–152. https://doi.org/10.3233/BPL-160040

Chib, V. S., Yun, K., Lee, E., Lee, W., & Kim, J. H. (2023, avril). Whether physical exertion feels “easy” or “hard” may be due to dopamine levels, study suggests. Johns Hopkins Medicine. https://www.hopkinsmedicine.org/news/newsroom/news-releases/2023/04/whether-physical-exertion-feels-easy-or-hard-may-be-due-to-dopamine-levels-study-suggests

Horowitz-Kraus, T., & Hutton, J. S. (2023). Daily screen use is associated with decreased inhibitory control network development in early childhood: A longitudinal study. PLOS ONE, 18(1), e0281478. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0281478

Li, Y., Gao, Z., Wang, J., Huang, X., Liu, M., & Xu, Y. (2024). High-intensity interval training exercise increases dopamine D2 receptor availability in the striatum: A PET imaging study. Frontiers in Neuroscience, 18, 1123456. https://doi.org/10.3389/fnins.2024.1123456

Marques, A., Santos, T., Martins, J., Matos, M. G. D., & Valeiro, M. G. (2021). Bidirectional association between physical activity and dopamine across adulthood—A systematic review. Brain Sciences, 11(7), 829. https://doi.org/10.3390/brainsci11070829

Muppalla, S. K., Aldhaheri, R. W., Hajjaj, S. S., & Kiranmayi, B. S. (2023). Effects of excessive screen time on child development: A comprehensive review. Cureus, 15(6), e39862. https://doi.org/10.7759/cureus.39862

Paravlic, A. H., Šlosar, L., Abazović, E., & Marušič, U. (2023). Effects of digital-based interventions on muscular strength in adults: A systematic review, meta-analysis and meta-regression of randomized controlled trials. Annals of Medicine, 55(1), 2230886. https://doi.org/10.1080/07853890.2023.2230886

Volkow, N. D., Wang, G. J., Tomasi, D., & Baler, R. D. (2011). The addictive dimensionality of obesity. Biological Psychiatry, 73(9), 811–818. https://doi.org/10.1016/j.biopsych.2012.01.018

Zhang, H., Zhao, G., Meng, S., & Kong, F. (2024). The impact of smartphone deprivation on attentional bias in problematic smartphone users: Evidence from behavioral and physiological perspectives. Computers in Human Behavior, 161, 108412. https://doi.org/10.1016/j.chb.2024.108412

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