Les femmes ont des besoins physiologiques spécifiques. Avec l’augmentation de la pratique sportive chez elles, y compris dans le cadre récréationnel mais aussi intensif, il est essentiel pour les professionnels de la santé d’adapter leur prise en charge en tenant compte de ces besoins. Le cycle menstruel, le sommeil et la nutrition sont des facteurs cruciaux pour une rééducation efficace. Cet article introduit ces trois éléments clés et leur impact potentiel sur les sportives. Sans chercher à être exhaustif, il vise à sensibiliser les physiothérapeutes à l’importance de ces aspects et à leur rôle dans une prise en charge adaptée.

 

  1. Cycle menstruel et performance sportive

Le cycle menstruel est un facteur clé à prendre en compte dans l’entraînement des femmes. Une recherche menée par Dauvergne (2020) explore l’impact des fluctuations hormonales sur la performance neuromusculaire des athlètes féminines. Elle souligne que les phases du cycle menstruel influencent le métabolisme de récupération. En effet, la phase folliculaire serait plus favorable à la récupération et aux gains musculaires, tandis que la phase ovulatoire peut augmenter le risque de blessures, notamment au niveau des ligaments, comme le croisé antérieur. 

Le suivi du cycle peut donc aider à optimiser les entraînements et prévenir les blessures. Certaines femmes présentent des aménorrhées en fonction du système contraceptif utilisé (1), compliquant l’interprétation des cycles hormonaux. Les stérilets hormonaux, par exemple, agissent sur le développement de l’endomètre, limitant l’apparition des règles sans affecter de manière significative la production d’œstrogènes (1). Cette absence de repères cycliques peut rendre plus difficile l’identification des phases hormonales et des signes biologiques importants pour adapter les charges d’entraînement.

 

  1. Sommeil et charge mentale

Le sommeil joue un rôle crucial dans la récupération et les performances sportives (2). Des études montrent que les travailleurs ayant des horaires décalés, comme les pompiers ou les infirmières, souffrent souvent de perturbations importantes de leur cycle de sommeil (3). Ces perturbations ont un impact sur leurs capacités cognitives, leur vigilance, et augmentent le risque de blessures (Horne, 2019). Il en va de même pour les sportives récréationnelles qui cumulent souvent une charge mentale élevée (travail, famille) avec des entraînements intenses, aboutissant à des dettes de sommeil qui limitent leur capacité de récupération.

 Un bon sommeil est essentiel pour la régénération musculaire et la performance sportive (2). Il est donc important d’encourager une bonne hygiène de sommeil, y compris la gestion des horaires d’entraînement pour éviter le surmenage.

 

  1. Nutrition et disponibilité énergétique réduite (RED-S)

Un autre défi majeur rencontré chez les sportives est l’apport nutritionnel. Qu’elles soient amateurs ou professionnelles, un apport énergétique insuffisant par rapport aux dépenses liées à l’exercice les expose à un déséquilibre qualifié de RED-S (Relative Energy Deficiency in Sport) (4). Ce déséquilibre affecte la santé hormonale (perturbations du cycle menstruel), la densité osseuse, la récupération musculaire et peut augmenter le risque de blessures. 

Les femmes sportives, en particulier celles qui adoptent des régimes hypoglucidiques, sont plus vulnérables au RED-S. Un apport insuffisant en glucides peut aggraver les déficits énergétiques et les déséquilibres hormonaux. Il est donc primordial d’intégrer une alimentation équilibrée, calorique en fonction de l’effort effectué, équilibrée en macronutriments (protéines, glucides et lipides) et riche en micronutriments (vitamines, minéraux, peptides…) pour faciliter les métabolismes de récupération et soutenir les performances.

 

  1. Pistes de réflexion et recommandations
  • Suivi du cycle menstruel : Pour les femmes qui conservent leur cycle, adapter les entraînements en fonction des phases (favoriser la force en phase folliculaire, modérer l’intensité en phase lutéale) peut améliorer la performance et réduire les risques de blessures.
  • Gestion du sommeil et de la charge mentale : Avoir des notions de chronotype, encourager une bonne hygiène de sommeil et proposer des stratégies pour réduire le stress mental chez les sportives récréationnelles, tout en veillant à la gestion des charges d’entraînement.
  • Nutrition : Une évaluation régulière de l'apport nutritionnel pour éviter les déficits énergétiques est cruciale. Cela inclut la surveillance des niveaux de micronutriments (fer, zinc, vitamines B), souvent impactés par l'utilisation de contraceptifs hormonaux et une pratique sportive intense.

Conclusion:

En tant que physiothérapeutes, nous avons un rôle clé à jouer dans l’éducation et le suivi des femmes sportives, en tenant compte de ces facteurs cruciaux. Nous avons vu dans cet article que le cycle menstruel, le sommeil et la nutrition sont des éléments importants pour le bien-être de la sportive. Cependant, d’autres facteurs, tels que le stress, doivent également être pris en compte. Grâce à une meilleure compréhension de ces éléments, nous pouvons adapter nos interventions pour maximiser les performances et réduire les risques de blessures chez nos patientes.

 

Bibliographie

  1. Brown, J. M., et al. (2021). "Hormonal contraceptives and athletic performance: A review of the literature." Journal of Sports Sciences, 39(1), 1-10.
  1. Mah, C.D., et al. (2011). "The effect of sleep extension on the athletic performance of collegiate basketball players." Sleep, 34(7), 1007-1016.
  1. Knauth, P. (2007). "Shift work, sleep, and health: A review." Sleep Medicine Reviews, 11(2), 93-103.
  1. Mountjoy, M., et al. (2018). "The Relative Energy Deficiency in Sport (RED-S) model: A new approach to the female athlete triad." British Journal of Sports Medicine, 52(5), 269-276.

Arnaud FOURNIER

MKDE, ostéopathe

Bastien HELAL

MKDE, kiné du sport, du micronutrition (dijon)